Les Téméraires
Cie Le Grenier de Babouchka
Théâtre Haguenau
5 novembre 2024

Les comédiens de la Compagnie Le Grenier de Babouchka ont plongé le public du théâtre de Haguenau dans un univers empreint de paradoxes. Ils ont abordé l’affaire Dreyfus au travers du prisme du cinéma de Georges Méliès et de la plume d’Emile Zola.

Au coeur du plateau trônait un imposant buffet aux fonctions plurielles. Il est tour à tour table de travail Zola, éléments de décors des tournages de Méliès, piano d’Alexandrine, l’épouse de Zola et incarne le Panthéon, dernière demeure de Zola. 

Le tragique de l’injustice qui a frappé Alfred Dreyfus revêt des attraits plus légers grâce au tournage du film de Méliès. Le prodigieux jeu des acteurs nous a procuré une myriade d’émotions : l’admiration devant la richesse des dialogues, la tendresse face à la naissance de l’enfant de Zola et de Jeanne, sa maîtresse, l’effroi face à l’humiliation infligée à Dreyfuss, mais aussi les rires devant les scènes du tournage de Méliès. 

Les Téméraires est une formidable leçon de courage. Celui de Dreyfuss qui affronte l’injustice avec dignité, celui de ses proches qui luttent réparer l’erreur judiciaire, celui de Zola, qui au péril de sa propre sécurité s’empare de l’affaire et la porte sur la place publique avec son J’accuse paru à la une de L’Aurore.

Le choix du jeu de lumières et de la musique ont constitué une immersion dans les balbutiements du cinéma. Le piano donnait le rythme tout en rappelant les airs qui accompagnaient le cinéma muet. La lumière était celle d’un film intime et authentique.

Tous les protagonistes des Téméraires sont unis pour une seule et même cause, porter la vérité au firmament, une vérité que rien ni personne ne peut arrêter. Une quête, qui rapportée à notre société contemporaine, revêt un message plein d’enseignements. Le flux d’informations qui circule à la vitesse de la lumière sans la moindre vérification de sa véracité engendrant des atrocités fruit d’une masse nourrie de mensonges.